Métro-boulot- boulot
Pas très jolie cette France d'en haut qui se deshumanise à qui mieux mieux...
"Quatre jours après l'enterrement de son fils de 10 ans, Cyril Fournier a reçu une convocation en vue d'une "rupture conventionnelle de contrat". L'entreprise évoque des "manquements graves".
Cyril Fournier, un habitant de l'Oise, est un homme brisé. Il a subi deux coups durs en l'espace de cinq jours, dont un dramatique : la perte de son fils. Théo, 10 ans, est décédé le 9 janvier des suites d'une tumeur au cerveau. Cinq jours après son enterrement, ce père de 39 ans reçoit une lettre recommandée de son employeur, une société où il est responsable technique. L'objet de la missive : une "convocation à un entretien en vue d'une éventuelle rupture conventionnelle".
Autrement dit, Cyril Fournier est menacé de licenciement, en plein deuil. L'histoire est révélée vendredi par Le Courrier Picard.
Ce 28 janvier, Cyril Fournier se rend au rendez-vous à Paris au siège de l'entreprise. Il est accompagné d'un conseiller du salarié, comme le prévoit la loi. Pour justifier cette "rupture conventionnelle du contrat", le directeur du groupe aurait argué, selon les deux hommes d'une "baisse de motivation en novembre et décembre. Le rendez-vous est bref, de l'ordre de cinq minutes
"Lui mettre un peu la pression"
Aujourd'hui, Cyril Fournier a bien du mal, non seulement à faire son deuil mais aussi à comprendre ce qui lui arrive. Voilà un an qu'il travaille pour cette entreprise et, depuis le début, elle connaît parfaitement la situation de son fils. Cet hiver, l'état du petit garçon, atteint d'un cancer depuis trois ans, dégénère. Son père doit se rendre à son chevet à plusieurs reprises. "C'était fait d'un commun accord avec mon entreprise, explique le papa. J'allais à l'hôpital le midi, restais plus longtemps le soir... Bref, je jonglais entre mon fils et mon travail."
Le 16 décembre, Théo est hospitalisé à l'Institut Curie de Paris. Cyril Fournier prend cette semaine là un arrêt de travail pour rester à ses côtés. Selon lui, ces 5 jours seront les seuls posés en novembre et décembre. Il dit avoir laissé trois messages à son patron, ce dernier ne lui aurait jamais répondu. Si ce n'est par cette convocation. "Je ne comprends pas, martèle Cyril Fournier. Pourquoi cette menace de licenciement ? Je n'ai jamais eu d'avertissement !" A la société, il reproche le manque d'humanité.
"Depuis mai 2010, nous avions constaté des problèmes persistants avec Cyril Fournier, se justifie à TF1 News, le directeur général adjoint de la société. Il ne respectait pas ses engagements professionnels auprès de nos clients. Il y avait des manquements graves. Très clairement".
Le patron affirme n'avoir jamais voulu le licencier. "Cette convocation était destinée à lui mettre un peu la pression, à le remettre dans le droit chemin", explique ce responsable qui reconnaît une "maladresse". "On ne savait pas qu'il venait de perdre son fils". Selon lui, Cyril Fournier est toujours salarié de l'entreprise. Il se dit d'ailleurs prêt à le recevoir.
Les propos du numéro 3 de la boîte font bondir Cyril Fournier et sa compagne, la maman de Théo. "C'est ignoble de dire ça !, dit-elle. Comment peut-il dire qu'ils n'étaient pas au courant ? On leur a envoyé un faire-part avec un extrait d'acte de décès ! Et le jour de l'enterrement, on a même reçu une gerbe de fleurs signée de toute l'équipe !"
Avec toute cette histoire, Cyril Fournier n'a pas eu la force d'aller travailler cette semaine. Il est en arrêt maladie. Il n'aspire qu'à pouvoir faire son deuil de son enfant.
Par Amélie GAUTIER le 25 février 2011 à 16:51
"On n'a pas perdu un animal de compagnie. On a perdu notre enfant."