Et moi, et moi émois
Pour Phil qui rentre de Chine demain....
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Les riches dans la crise ont de droles d'idées..
Savez-vous que chaque mesure prise dans le cadre de notre plan de rigueur a son effet pervers ?
Ainsi, depuis l'interdiction de l'eau minérale à table par Charles-Henri, pour économiser, nous n'avons jamais autant consommé de bière. Je suis persuadée que le bilan sera globalement négatif. D'autant que Maria commence à se plaindre : « lès senores y senoras qué bibine tropo. Cilindros son pesados ».
A force de porter des cilindros pesados depuis LIDL jusqu'à la propriété, sans la moindre aide d'Hubert, ne va-t-elle pas se lasser et nous quitter ?
Ce serait un drame irréparable car je n'ai ni l'éducation servile, ni les capacités physiques pour prendre le relais.
Je ne suis pas une de ces rudes campagnardes qui dissimule sous ses jupons une force de la nature, moi. Vous vous en doutiez.
Anne-Sophie.
Qu'il est difficile, en France, d'obtenir le fameux sésame pour la route....
Voilà pourquoi nous avons recommandé à Hubert de passer son permis de conduire chez nos voisins Belges... mais je ne suis plus sure que ce soit la meilleure idée...
Nous avons probablement sous-estimé la barrière de la culture et ses incidences sur le code de la route. C'est un véritable choc de civilisation pour lui. Heureusement, notre ami « aware » Jean-Claude Van Damme nous a assuré que quoi qu'il fasse, quoiqu'il dise, il aura son petit bout de papier si précieux.
Soupirs.
Le Billet d'Anne-Sophie.
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Le billet d’Anne Sophie, ou comment les riches s’organisent pour surmonter la crise.
Aujourd’hui : le vide -grenier
Charles-Henri a fait, devant toute la famille réunie, un rapport d'étape - on ne dit plus rapport d'avancement, c'est paraît-il démodé - sur le plan de rigueur décidé lors du dernier Conseil de famille. Une catastrophe ! Nous n'avons réussi qu'à économiser des bouts de chandelle. « Cela ne suffit pas, nous devons prendre le taureau par les cornes. Oui, mes amis, il nous faut travailler et, pour une fois, je ferai mienne la devise de l'Autre : travailler plus pour gagner moins» déclara-t-il solennellement.
Vous imaginez la stupeur dans la salle. Tante Antoinette crut à une galéjade, Cousin Paul consultait nerveusement son mini-dictionnaire et moi, je m'interrogeais sur mon avenir.
Les précisions ne tardèrent pas à venir :
« Vous Antoinette, si bonne brodeuse, vendez donc vos admirables réalisations ;
Hubert, Bac + 10 doit bien vous permettre de donner quelques cours particuliers à de riches cancres ;
Marie-Charlotte gardez des enfants ;
Léopold entretenez les jardins des parvenus ;
Anne-Sophie débarrassez-nous de toutes nos vieilleries en faisant les vide-greniers...
Chacun doit imaginer des moyens de gagner de l'argent ».
Mon premier vide-greniers fut un échec cuisant. J'avais décroché une esquisse de Picasso que je ne pouvais plus voir en peinture, rassemblé quelques porcelaines de collection hideuses, deux ou trois bibelots rares, et fourré le tout dans la Jag empruntée à Bernard-Henri. Dès que j'aperçus la populace qui se précipitait pour faire une bonne affaire, je compris que mon Picasso à 135.000 euros et mes bibelots à 2.000 euros pièce ne trouveraient pas preneurs ici. Je m'étais trompée de cible. Sur conseil de Charles-Henri, je dévalisai les greniers de maman et belle-maman, casées en maison de retraite, empruntai quelques saisonniers étrangers d'un domaine agricole voisin et leur véhicule, et me voilà partie avec Marie-Charlotte vider nos greniers de famille dans la France d'en-bas, moi, Anne-Sophie. Je tremblais d'être un jour reconnue dans ces lieux peu fréquentables pour gens de notre rang.
Le Billet d'Anne-Sophie.
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Je viens d'apprendre une bien étrange nouvelle : les entreprises ont l'obligation d'employer un certain quota de travailleurs handicapés, 6% je crois.
Charles-Henri me l'a confirmé : dans notre propre usine nous avons une sourde, un aveugle et un paralytique. Quoi, j'ai dit une bêtise ? Oui, une non-entendante, un non-voyant et un non-marchant, si vous préférez.
-« On ne dit pas non-marchant, ce terme est jugé discriminatoire dans la société marchande où nous vivons » m'a repris Charles-Henri.
Qu'importe le vocabulaire, je me demande comment on peut dialoguer et échanger avec eux dans le cadre de leur labeur quotidien.
- « On y arrive très bien » m'a confirmé notre DRH ;mMême en temps de crise !
Le Billet d'Anne-Sophie.
Hubert reste fâché avec son permis de conduire.
Et ce qui devait arriver est arrivé : il s'est fait renvoyer de l'auto-école, pour un banal accident de circulation.
« Je vous assure, mère, je pouvais passer » affirme-t-il.
Bien sûr, tout comme il pouvait passer sa thèse en cinq ans, et il en est à Bac + 10. Nous allons devoir trouver une nouvelle auto-école, recommencer à zéro et payer, payer, toujours payer puisqu'il est dans l'air du temps de saigner le riche.
Par bonheur, notre ami Jean-Claude Van Damme nous a donné un tuyau pour obtenir le permis en quelques semaines et pour une bouchée de pain, en Belgique. Hubert n'aura qu'à faire quelques aller-retour à Bruxelles, en mission commerciale pour notre société, et tout sera réglé. Enfin !
Le Billet d'Anne-Sophie.
Mon amie et voisine Anne-Caroline a téléphoné anonymement aux services sociaux du Département pour savoir si, en tant que nouveaux pauvres frappés par la crise, les riches pouvaient bénéficier des mêmes faveurs que les « économiquement faibles ».
Elle visait en fait la livraison quotidienne de plateaux repas à des prix défiant toute concurrence.
La réponse fut un « Non » cinglant et catégorique.
Alors nous nous sommes organisés, une bande de riches en grande souffrance, pour dépêcher nos gens de maison collecter des vivres « low-cost » et les distribuer discrètement à chaque famille.
Et cela marche très bien. Voyez-vous, nous nous serrons les coudes autant que ce peut.
C'est la crise et Charles-Henri a une nouvelle lubie : contrôler nos lectures.
Il veut réduire le coût de nos abonnements dont il trouve le montant exorbitant.
« Playboy, Le journal de Mickey, Système D, Top santé, Réponse à tout, Mon jardin et ma maison, Parents, Rustica, Voici, Gala, Closer, Public, Match, France-Dimanche, Capital, Le Monde, Télérama, Le Figaro, La Tribune, La Croix et j'en oublie.
-"Nous n'avons pas la capacité de tout lire ! C'est de la négligence et même si une grande partie est payée par le budget Documentation de notre entreprise, nous allons devoir trancher dans le vif » annonça-t-il.
Jamais je ne le laisserai toucher à Télérama et au Monde que j'expose négligemment sur la table du salon, à la vue de nos invités. Ce sont nos seuls signes extérieurs d'intellectualisme. De quoi aurions-nous l'air sans eux ? de parvenus !
Charles-Henri a cédé et y a ajouté un nouveau magazine qu'il vient de lancer avec un ami magnat de la presse : "Mieux vivre son immense fortune".
Ce n'est pas pour entretenir la nostalgie du passé, mais pour nous donner trucs et astuces afin de mieux traverser la crise. Je suis impatiente de connaître comment survivre avec 285.000 euros par mois.
Après les téléphones portables, c'est au fixe que Charles-Henri s'est attaqué.
Comme d'habitude, il a pris son ton enjôleur pour nous convaincre que le dernier modèle de Nokia était écologique, économique et très branché.
Comme d'habitude, nous avons été déçus. En dehors d'une liaison très locale et très directe, ce téléphone ne nous permet de communiquer avec personne. Chaque jour, la crise nous enfonce davantage dans notre détresse d'ex-riche, oui j'ose le dire.
Les riches dans la crise : Huile de coude
Avec le beau temps qui règne sur notre région, Charles-Henri a décidé de ne plus se déplacer que par voie fluviale, c'est-à-dire sur la rivière qui court le long de notre domaine. Il est vrai que l'embarcadère qu'il a fait construire est sous-utilisé.
Pour aller au bureau de la Société, honorer un rendez-vous, démarcher un client,... il ne jure plus que par la barque :
-« Imaginez, chère amie, les économies d'énergie que nous réalisons. Nous avons remplacé le gas-oil par l'huile de coude » plaisante-t-il.
En l'occurrence, il s'agit des coudes de Maria et je sens bien que son énergie s'épuise :
-« El senor debe perder peso » marmonne-t-elle sans cesse.
Dieu nous préserve de tomber en panne de Maria !
Le Billet d'Anne-Sophie.