Romain DEPONS, capitaine de l'Equipe de France de horse ball
Cet automne, j’ai eu l’immense plaisir de discuter avec notre King national, qui m’a reçue au Château Dassault ( Saint-Emilion) dont il est le Directeur général…
Bonjour Romain. Acceptes tu de revenir sur ton dernier championnat d’Europe, celui de Saint-Lô? Quelles impressions en as-tu gardées
Bonjour Hélène… Saint-Lô 2017 restera comme un très bon souvenir. J’ai vécu une belle aventure avec les sept autres de la sélection. C’est vrai que l’EDF a vécu un vrai changement, toujours avec cet excellent état d’esprit. J’ai retrouvé une réelle implication entre tous les cavaliers. Tous ont amené de la fraicheur, du renouveau dans cette équipe. Il y a un regain de rigueur certainement lié à la compétition elle-même. Le jeu était chatoyant et plaisant. Nous avons cependant manqué de maturité pour arriver sur la plus haute marche du podium.
Que penses-tu de cette nouvelle génération ?
Je n’ai aucun regret. J’étais l’ancien et j’ai rencontré des coéquipiers avides d’écouter et d’entendre. Bien sûr, la défaite a piqué, comme on dit. Je peux te le dire : « On a tous découvert le poids de la défaite ».
Quand j’y pense, les Espagnols ont joué autant de finales que moi, dans des stades pleins… Ils ont su mettre en place leur jeu. Leur cavalerie n’a pas fléchi au fil des matchs, reflet de leur préparation et de leur suivi vétérinaire. On a les ballons pour gagner. On a le ballon de la mort subite. On aurait dû gagner ce match mais il nous a manqué des automatismes de jeu.
Il est certain que pour tous, cette finale France / Espagne restera comme un match de référence…Chaque finale est un match unique. Cette année, on avait de jeunes sélectionnés, avec des jeunes chevaux qu’il faudra apprendre à mieux gérer.
Qu’est ce qui se passe dans ta tête lors du coup de sifflet final ?
Les yeux fermés, Romain soupire… On sait ce qui se passe… Aussitôt je vais féliciter les Espagnols puis, du regard je cherche mes coéquipiers… J’ai besoin d’être avec eux. On doit vivre ensemble cette défaite, affronter la déception. Je pense au collectif qui doit se reconstituer et faire bloc.
Romain, c’est quoi être capitaine de l’EDF ?
Etre capitaine, c’est faire le lien entre les joueurs et l’entraineur. Il y a une part naturelle importante là-dedans. J’ai un lien privilégié avec les joueurs, mais je ne me mets pas de pression. Je suis fier d’être capitaine, mais ce n’est pas un but en soi. Il y a eu Thomas Soubes, Laurent motard, Luc Laguerre. Dans ses sélections, Luc donnait souvent le rôle de capitaine au plus capé. C’est ainsi qu’il y a eu Nicolas Thiessard, Mikel Legall, Benoit Lévêque….
Une grande part de la relation est amicale, d’autant que des joueurs arrivent de différents clubs. On doit se mettre d’accord sur les principes et nos actions de jeu. Cela peut prendre un peu plus de temps que l’on en a eu. D’ailleurs, je dis souvent à la Fédération que l’on a besoin de plus d’entrainements et de regroupements pour se construire en temps qu’Equipe de France.
Romain, sais-tu combien de fois tu as été sélectionné ?
Impossible de faire flancher la mémoire de Romain… Il se souvient de tout… « J’ai raté 3 sélections, pour raisons professionnelles (les vendanges pour tout dire). J’ai raté une sélection lorsque je me suis fait opérer du genou.
J’ai 9 titres de champion d’Europe, plus 1 de Vice-champion en 2017.
J’ai remporté 3 titres mondiaux : 3 titres de champions du monde sans oublier le titre mondial remporté lors de la Nation Cup en 2010.
il y a aussi 7 titres de Champion de France en Pro Elite.
3 Champions'leagues remportées,
3 Coupes de France remportées.
Un jour, la compétition au plus haut niveau s’arrêtera. Je ne veux surtout pas faire l’année de trop si je ne suis plus au top niveau.
"On cesse d'etre bon, lorsqu'on renonce à etre meilleur"
2019 : Reprise de la Coupe de France lors du Grand tournoi de Lamotte Beuvron.
Bordeaux-Arles ( alias les Galactiques) remporte le trophée : avec Romain Depons, Benoit Leveque, Nicolas Thiessard, Jean Baptiste Depons et Mikel Le Gall. L'équipe est coatchée par Messieurs Bernard Depons det Yannick Le Gall.
Quel souvenir gardes tu de ta première sélection ?
J’avais 18 ans. C’était en 1998. On venait de finir 1ers du championnat Pro Elite. J’ai retrouvé Thomas Soubes et Raphael Dubois qui jouaient à Bordeaux à cette époque-là. Intégrer l’Equipe de France a été une révélation. Je n’ai eu qu’une envie : Retrouver cette EDF au plus vite.
En 1998, c’était la première participation de l’Espagne… On était mené 1/0, à cause d’un mauvais engagement… souvenirs, souvenirs…
Je me répète, Hélène, mais jouer en Équipe de France, c’est unique. Et dès le premier jour, je n’ai eu qu’une envie : celle d’y revenir, encore et encore. Je souhaite à la nouvelle génération d’être aussi mordue comme je l’ai été...
Quand tu arrives dans un nouveau site, quel est l’endroit où tu aimes aller ?
Avant tout, il me faut découvrir l’aire de jeu. Je tiens à savoir sur quel type de terrain nous allons jouer, Je regarde la qualité des sols et même par où nous allons entrer. Ensuite, avant les matchs j’ai besoin de m’isoler. De me retrouver seul, pour me concentrer et me focaliser sur les 20 minutes à venir. C’est alors que la rencontre peut commencer.
Quid de ces générations qui ont permis à l’EDF d’être ce qu’elle est ?
La liste est longue. Chacun est arrivé avec ses trucs et astuces.
Première génération : Au tout début, il y avait Thomas Soubes, Philippe Thiebaut, Bernard Depons, Luc Laguerre…
En 1998, j’étais le seul jeune. Ensuite, Nicolas Thiessard a été appelé.
Deuxième génération : Avec les années 2000, d’autres jeunes sont arrivés, bousculant la génération précédente : Luc Laguerre, Benoit Lévêque, Jean Baptiste Depons, Florian Moscovitch, Mikel Le Gall, Anthony Morris..
Et maintenant la troisième génération, celle de 2017, arrive, bousculant à son tour les anciens. Ellington n’a que 20 ans, Benjamin en a 30 ans… Eux aussi sont mordus des Bleus, comme je l’ai été, avec l’envie incessante d’y revenir.
Je n’ai pas peur des changements. Chacun arrive avec une base de talent. J’aime jouer avec les jeunes de cette nouvelle génération. J’aime sentir l’énergie qu’ils dégagent. Et j’aime aussi ce rôle de transmission. Il est important à mes yeux. Les horse balleurs forme une grande famille, c’est multi-générationnel. En 2012, on s’est tous retrouvé pour fêter les 20 ans de l’Equipe de France.
Quels adjectifs associes-tu à l’identité de l’EDF ?
Tout ce que j’y ai découvert dès mon arrivée : l’esprit d’équipe, la mise en valeur du collectif, l’envie toujours mordante de perfection. Il n’y doit y avoir rien de mieux à ce niveau.
T’arrive-t-il d’être parfois agacé, de râler pour obtenir du soutien ?
Franchement, les horse balleurs ne sont pas les moins bien lotis de la Fédération. Je pense au poney game par exemple... Bien sûr on aimerait avoir plus….
Penses-tu que Les EDF ont une influence dans le monde ?
En 2006, la première Coupe du Monde a été mise en place. Ça a été un moment important dans le développement de notre sport.
Il est évident que l’Equipe de France a une influence dans le monde. À l’extérieur, les gens regardent la qualité du jeu proposé. C’est un sport jeune et pionnier dans sa discipline. C’est pourquoi l’on se doit d’être exemplaire, tant dans l’état d’esprit que dans le jeu. On se doit de donner la meilleure image qu’il soit. Quelque part, nous sommes une vitrine et tous les détails comptent. Que ce soit au niveau des cavaliers ou au niveau de la qualité des sols des terrains, tout compte !
Je vois les autres nations progresser et c’est très bien. Nous avons maintenant des entraîneurs d’expérience qui peuvent aider tous les clubs désirant partir sur des bonnes voies. Nous avons encore un rôle de pionniers et notre savoir-faire à exporter. Le horse ball a besoin de cela.
En quelques mots, que ferais-tu si tu devenais Président de la Fédération ?
Si j’étais Président de la Fédération, je développerais plus encore le horse ball qui est un sport d’avenir. C’est un sport dans l’air du temps avec une partie spectaculaire indéniable et un format idéal (les matchs répartis en 2 fois 10 minutes sont intenses en émotions et rebondissements). C’est pourquoi, le horse balleur doit véhiculer une belle image de son sport. Il représente une ouverture d’esprit.
En amont, j’essayerais de penser le horse ball avec une forme de professionnalisation, avec un travail d’équipe qui doit s’étoffer. Il faudrait développer le travail des coaches, le suivi et le travail des vétérinaires équins. Mais notre sport est compliqué, car il englobe de nombreux paramètres : la condition physique des joueurs comme de la cavalerie ; les techniques individuelles et collectives ; l’éloignement des joueurs ; les problèmes liés au financement ; le calendrier des compétitions nationales et internationales…
Romain, dans ta vie personnelle (tu es vigneron), le fait d’être horse balleur peut- il constituer un dérivatif ?
J’étais horse balleur avant d’être vigneron. J’ai la chance de pouvoir exercer depuis 15 ans un métier qui me plait et y allier ma passion de toujours. Je peux même dire que je réalise une belle carrière dans ma passion. Côté professionnel j’ai de beaux projets à concrétiser, autant avec les Châteaux Dassault et La Fleur qu’avec le Château Blanzac. De ce coté-là, c’est passionnant aussi.
Comment imagines-tu les EDF dans 10 ans ?
Sourire.. Sur la plus haute marche du podium, avec la nouvelle génération. Je veux avoir du plaisir à les regarder jouer. J’aimerais que tous développent encore leur état d’esprit et la qualité du jeu. Il faut que les nouvelles générations repartent mordues du maillot des Bleus. L’EDF c’est unique.
Aurais tu un dernier mot ?
J’aimerais revenir sur la philosophie de l’état d’esprit qui devrait être le nôtre. C’est un vecteur important pour le développement du horse ball,
Les joueurs doivent développer leurs compétences et développer les qualités de leurs chevaux, dans tous les domaines du jeu. Ils doivent progresser en précision, élargir leur palette. S’il faut savoir marquer un but à 10 m, il faut aussi renforcer les techniques d’attaques comme celles de défenses. Il faut sans cesse améliorer sa manière d’être cavalier, de faire progresser les chevaux, de les dresser. Il faut plus s’attarder sur le suivi des chevaux.
Nos joueurs sont doués. C’est dans ces conditions qu’ils auront une longue carrière. Au final, c’est ainsi que le horse ball, ce sport magnifique mais difficile progressera lui aussi.
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Crédit photo : Château Dassault, HBM3, thomas leFloch, HB little Family, Jeanne Mts, Olivia Köhler - Photographies, Bernard Depons,
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