Martin Vidberg
http://vidberg.blog.lemonde.fr/
Martin Vidberg est instituteur-auteur-dessinateur. Il est notamment l'auteur du journal d'un remplaçant, paru chez Shampooing et de blogs très populaires comme l'actu en patates ou everland.
Je ne résiste pas à mettre en ligne sa dernière planche :
La dédicace
Histoire n°12. Publiée le 28/10/2009"Lors de mes séances de dédicaces, je rencontre régulièrement des enseignants avec qui j’ai plaisir de discuter de notre métier commun et notamment de la vocation."
Cv express
Juin 2004 : bac L au lycée Pasteur de Neuilly (obtenu).
Septembre 2004 : hypokhâgne au lycée Henri-IV à Paris (abandon).
Septembre 2005 : prépa ENS Cachan au lycée Turgot à Paris (échec).
Septembre 2006 : première année de droit à Nanterre puis à Paris I (obtenue).
Septembre 2007 : première deuxième... année de droit (rate les exams).
Septembre 2008 : deuxième deuxième année de droit (ne passe pas les exams).
Septembre 2009 : troisième deuxième année de droit (en cours).
c'est ce qu'on appelle de la tenacité...
bac + 1, 5 ans après le bachot... ca doit être un record... ...
Journal scolaire
Les journaux scolaires sont considérés comme des journaux à part entière et sont donc soumis aux mêmes lois que toutes les publications. Que les journaux soient vendus ou gratuits, c’est le fait d’organiser leur diffusion qui nécessite des déclarations officielles.
Ces déclarations sont regroupées sous plusieurs appellations :
dépôt administratif
dépôt juridique
dépôt légal
prévention de la protection de la jeunesse
dépôt pédagogique
archives de la presse
C’est en tout 15 numéros qu’il faut prévoir pour répondre à ces obligations.
L’Association Départementale OCCE vous propose de faire pour vous ces déclarations gratuitement. Comment ?
fournissez-nous 15 exemplaires de chaque numéro de votre journal
nous faisons les envois officiels
en fin d’année nous octroyons à chaque coopérative scolaire une somme de dédommagement en fonction de la quantité de numéros publiés.
Cela fait donc des années que je suis dans l'illégalité... et je l'admets tout à fait.
Ceci dit, j'ai travaillé avec plusieurs directeurs et directrices d'école.
Il y a eu moins 4 , 5, 6 (ou plus ) visites d'inspection dans la classe, mes élèves sont allés présenter leur petit journal dans toutes les classes des autres instits..., y compris celles des directeurs ou directrices.... , ce petit journal était affiché sur les murs....... bref bien visible de tous, et jamais on ne m'a dit, "Hélène, envoie 15 numéros de ton chenapan à L'OCCE", (la coopérative scolaire à laquelle bien des écoles sont affiliées. )
J'aurais surement préféré un petit conseil, plutôt qu'une dénonciation si surprenante....
Humour chic : L'avenir de Pablo
Vous avez probablement été surpris d'apprendre que nous avions une nounou ; c'est que je ne vous ai pas tout dit.
Un jour, Hubert, notre aîné, débarqua au château, un bébé dans les bras. C'était son fils, Pablo, né de mère inconnue.
Certes nous ne sommes plus au temps où le fils-père devait réparer sa faute en épousant la fille légère pour sauver l'honneur de la famille, mais tout de même, cette situation nous contraria. Nous prîmes une nounou pour soulager Hubert qui poursuit ses études et surtout pour mettre Pablo à l'abri des regards indiscrets lors des garden parties et des réceptions que nous donnions au château.
C'est à présent fini, Hubert devra concilier ses études - il en est à bac + 10 - et son rôle de père, car je n'attends pas grand secours de Maria pour l'assister.
Cela sera rude pour lui qui travaille jour et nuit à la rédaction de sa thèse de doctorat sur « le management d'entreprise en milieu hostile », mais que voulez-vous, à 30 ans , il doit prendre ses responsabilités.
Dès sa thèse passée, il devrait succéder à Charles-Henri à la tête de notre entreprise, bien que je sente qu'au fond de lui mon époux doute de ses capacités de meneur d'hommes.
Savez-vous ce qui me tourmente le plus ?
L'avenir de Pablo. Ne gardera-t-il pas des séquelles de l'éducation que va lui donner son père - disons-le franchement - très léger pour ne pas dire totalement immature.
Que la crise nous frappe soit, mais qu'elle handicape l'avenir de nos enfants, je ne le tolérerai jamais.
Le Billet d'Anne-Sophie.
Nota : L'illustration de cet article provient du blog remarquable http://clarenne.francis.over-blog.com/ qui vient hélas de s'arrêter.
Autonome de solidarité
J'ai pris rendez vous avec eux.
Pour moi, c'est une première lueur d'espoir. Je vais pouvoir parler et recevoir d'eux quelques conseils.
L'humiliation, quésaco ?
L'humiliation est une dégradation de l'image de soi, dégradation qui intervient lorsque que l’on disqualifie une personne aux yeux des autres.
Être humilié est le signe que l’on assume pas la situation. Ce refus peut s'expliquer par la peur d'entacher notre image, ( être mortifiée de devoir subir le jugement des autres concernant une situation car on en a honte. Ou encore être fâchée car l’image que l’on a de soi va souffrir d’une piètre performance. Et enfin, selon nos propres valeurs, être abaissé à faire des excuses.
L'humiliation déclenchée par la crainte d'entacher notre image nécessite la présence d'un public. Elle provoque alors un sentiment de honte.
Dans d'autres cas, comme celui du dernier exemple, l'humiliation a peu à voir avec la réaction des autres. Elle provient du fait que ce que nous subissons est dégradant à nos propres yeux.
C'est le cas de l'humiliation subie alors que nous sommes en situation d'impuissance. Ce n'est pas la honte qui prédomine alors, mais la colère ou la révolte, généralement retenues ou dissimulées à cause des risques qu'entraînerait une réaction ouverte. Cette inhibition volontaire contribue à rendre l'expérience encore plus humiliante en faisant de nous les complices silencieux de l'expérience révoltante et dégradante.
La rage est déclenchée par l'impuissance à se soustraire à la situation non désirée. La révolte est spécifique aux situations où on perçoit une injustice. Mépris, la jalousie, le dépit, la rancune... sont des éléments qui apparaissent alors que l’être humilié ne demande qu’ à être respecté.
Sa colère surgit alors que l'équilibre est rompu dans un aspect de sa vie. L'esprit reste concentré sur le problème. L'expression "la moutarde me monte au nez" traduit parfaitement la sensation physique que produit le début d’une mobilisation physiologique.
Il est donc clair que « l’humiliation réside dans un intolérable abaissement de soi dans l’opinion des autres ».
« Si tu humilies ton prochain, tu le tues, car le sang se retire de son visage ».
Etre un saint : rien de moins impossible. Il suffit de faire de l'humiliation, sa gloire.
Il y a des choses qui se racontent mal, et l'humiliation en est une.
Récemment, un réseau global des académiciens et praticiens a commencé a étudier le sujet de l’humiliation (comme déni et violation de dignité) : http://www.humiliationstudies.org.
cour d'école
Pleine de ma bonne foi, j'ai demandé, hier matin, un entretien à mon inspectrice.
J'ai besoin d'avoir le temps de lui expliquer ma vision des choses. Je ne voudrais pas qu'elle ait une image aussi néfaste de moi.
Que je m'enguirlande avec une collègue est une chose, mais faut pas que ça nous pourrisse l'existence... après tout, le plus important, ce sont les élèves, le travail fait en classe. De ce coté là, je me dis que je ne travaille pas trop mal. sinon, ca se saurait. Surtout après plus de 20 ans de service.
Ce qui m'interpelle, c'est que l'inspectrice s'en soit pris à mon petit journal de classe. .... Certains instits font des livrets. Moi depuis 6 ou 7 ans, j'imprime un feuillet A3, 2 à 3 fois par an, avec les textes des élèves....
Que se passe t il pour que d'un seul coup d'un seul il dérange ? je ne comprends pas.
Aucun des 3 IDEN venus dans la classe n'y ont trouvé à redire.... alors je ne comprends pas comment il est devenu pestiféré en moins de 5 semaines.. ( L'inspectrice vient juste d'arriver dans notre circonscription)... sans compter que le dernier numéro date de mai dernier....
Si quelqu'un a une idée, je suis preneuse.
Enfin, j'ai bon espoir. Je suis moins en colère.
Bon week end à tous.
La domesticité : humour chic
Il est vrai, je le reconnais, que nous avons peut-être un sureffectif dans nos gens de maison.
Avons-nous réellement besoin d'une gouvernante, d'un garde-chasse, d'un jardinier, d'une femme de chambre, d'une cuisinière et d'une nounou ?
Charles-Henri a vite tranché : « nous ne garderons que Maria, notre femme de chambre actuelle qui fera office aussi de cuisinière, de nounou, et, à ses temps perdus, entretiendra le parc ».
Quant à moi, je dois jouer le rôle de gouvernante, ce qui est bien rabaissant pour une maîtresse de maison. Il ne se rend pas compte que nous ne vivons pas dans un deux pièces avec jardinet, mais dans un château entouré d'un parc immense.
« Et qui protègera la propriété contre les rôdeurs, puisque nous n'aurons plus Joseph, le garde-chasse ? » interrogeai-je.
« Nous prendrons un chien et le placerons dans une niche, au portail du parc, pour décourager les maraudeurs.
Ne cherchez pas un éleveur de chiens de race, nous irons à la SPA et ramènerons ce que nous trouverons » me répondit-il.
C'est ce que nous avons fait, mais je sens que la propriété va être beaucoup moins bien gardée qu'avec Joseph et son pitbull.
« Anne-Sophie, prévenez votre petit monde, et moi je m'occupe des formalités administratives pour le licenciement économique. Et dites leur bien qu'ils feront leur préavis jusqu'au dernier jour ».
Leur préavis ? je croyais qu'il suffisait de leur verser leurs gages et qu'ils partaient sur le champ. Il est vrai que, par arrangement, la moitié de nos gens sont payés par l'entreprise, ça doit compliquer les choses.
Je me demande comment Maria, en réalité Dolorès, une espagnole pas très futée, va prendre ces bouleversements - oui, par commodité, j'ai toujours appelé mes femmes de chambre Maria sinon je m'y perds !
Je lui annoncerai que c'est une promotion, une extension de responsabilités, un accès à la polyvalence, qualité si recherchée de nos jours, sans aucune réduction de salaire. De toute façon, elle n'a pas le choix. Que de soucis et de surcharge de travail en perspective pour nous tous.
Garce de crise, tu nous feras crever ! Excusez-moi pour cet écart de langage dû à l'emportement.
Le Billet d'Anne-Sophie.