ste Blandine vue par le sage hibou
Sainte Blandine.
C’était en juillet 177. Ce jour-là, dans le grand amphithéâtre de Lyon, le spectacle était exceptionnel : on donnait Blandine à manger aux lions ! Trois ou quatre fauves affamés s’acharnaient sur la jeune fille, qui emportant un bras, un autre mordant la cuisse et un troisième lui arrachant le cœur. La foule lyonnaise applaudissait : c’était mieux que du Guignol, autre spectacle fort prisé sur les bords de la Saône. On vidait des pichets de beaujolais avec un grand plat de tablier de sapeur. Et c’est ainsi que Sainte Blandine est devenue la patronne incontestée de la ville des canuts.
Mais, en 2006, vous allez pouvoir assister, comme moi, à la mise à mort de Sainte Ségolène, la petite Lorraine des Vosges que quatre alligators germanopratins se préparent à déchiqueter. De sacrés alligators aux dents acérées, à la mâchoire puissante, dont un simple coup de queue peut vous casser les reins. Leur peau fait rêver Hermès et Gucci, qui en feraient de si beaux sacs s’ils en avaient l’occasion, mais la chasse à l’alligator est un sport dangereux, et les Crocodile Dundee ne courent pas les rues.
Il y a d’abord le beau cavalier de « la tête et les jambes », amateur de voitures de sport et de sang contaminé, le copain des sœurs Huppert et de cette cavalière dont la mère avait des moyens fort radicaux de se débarrasser de ses ennemis. Il est pressé, l’ex-jeune premier ministre, les années passent, et s’il rate son coup cette fois-ci, ce sera foutu à tout jamais. Toute une vie à ramer pour des prunes, c’est désespérant.
Il y a le docker le plus célèbre du monde, porteur de riz aux populations somaliennes qui ne lui en on même pas su gré, et qui a brillamment joué au proconsul dans un coin pourri des Balkans. Encore un qui écrase tout sur son passage, n’est ce pas, Dominique ?
Il y a l’inventeur de fêtes multiples, fête de la musique, fête des lesbiennes-gays-bi-trans, présentement exilé à Boulogne sur Mer, bien loin de sa chère Place des Vosges et de sa rue des Francs-Bourgeois, arbitre des élégances à l’occasion et dont j’ai toujours admiré la pochette magenta.
Il y a enfin l’avocat d’affaires aux honoraires faramineux, qui s’engraissait sur le dos de la MGEN, le mec qui perd ses cassettes et qui a piqué sa copine au malheureux Ivan Levaï. Tout ça pour une Anne aux seins clairs. Moi si j’étais Ivan Levaï, je lui ferais subir le supplice du pal, car l’Anne, c’est bien lui qui l’avait fabriquée. Ah mais !
Il y a enfin, dans cette île où l’on envoyait jadis les forçats, le mari de Sylviane, cette Sylviane que Télérama voyait si bien remplacer Bernadette à l’Elysée. Mais la Sylviane en est réduite à pêcher les moules. « A la pêche aux moules moules, je n’veux plus aller aller maman !».
Mais, si la légende dit vrai, les lions n’ont pas mangé Blandine, elle les a fascinés. Et ce sont les Lyonnais qui ont dégusté du cuissot de lion.
Alors, j’attends. Pour rien au monde, je ne voudrais manquer ce spectacle.
( mars 2006)