le foot - mondial
Le foot…
A l’âge de quatre-vingt ans, six mois et trois jours, j’ai regardé pour la première fois de ma vie un match de foot : France-Portugal..
Je ne pouvais pas rester à l’écart d’un tel fait de société qui prend les proportions inimaginables que l’on sait alors qu’il y a des tas de choses autrement plus importantes autour de nous : l’allongement de la vie dont le financement va ruiner les finances des générations montantes, l’inadaptation de nos universités aux professions de demain, cette dette de 1100 milliards d’euros que l’on laisse à nos jeunes adultes le soin de régler, sans parler de Sharon qui tarde tant à casser sa pipe. Et j’ai vu quoi ?
D’abord, je n’y ai rien compris. Ces vingt deux mecs qui n’arrêtent pas de se faire des crocs en jambes, ou qui s’étalent dans le gazon sans que personne ne les ait touchés, tout ça me semble n’être que du cinéma . De temps en temps, l’arbitre sort son sifflet et son carton jaune, pour laisser Zidane taper dans le ballon.
Quelques secondes d’un suspense insoutenable, pendant lequel à Lisbonne tournent les ordinateurs portouguèches pour savoir si Zizou va tirer plus vers la droite ou vers la gauche, selon que les spaghettis qu’il a mangés à midi étaient lévogyres ou dextrogyres, puis le coup de pied final signé Adidas qui va envoyer soixante trois millions de blacks-blancs-beurs en transe, certains d’entre eux sautant à la baille sans savoir nager, d’autres faisant les zouaves sur le toit du métro Opéra…. Bref, cinq morts qu’il a fait ce jour-là le Kabyle de Marseille, presque autant que Tsahal dans la bande de Gaza.
Philippe de Villiers est heureux : tous ces gens chantent la Marseillaise :
« Qu’un sang impur
Abreuve nos sillons ! »
Du sang impur, il y en aura certainement dimanche, si les Français gagnent : sur les Champs, la Pizza Pino sera envahie par la foule en délire, et ses pizzaïolos empalés sur des manches de pioches ou des battes de base-ball.
Certains d’entre eux, se rappelant leur passé de fiers Carthaginois, envahiront l’Italie juchés sur les éléphants du zoo de Vincennes en passant par le col du Petit Saint Bernard. Bref, la France revivra les grands jours de la conquête de l’Italie : François Ier à Marignan (1515), Stendhal à la Chartreuse de Parme (1817 ?) et enfin Djamel Debouzze au Pont d’Arcole (2006).
C’est beau, c’est grand, c’est invincible la France.