Connaissez-vous Damien SORRAING, chef de choeur ?
Connaissez-vous, Damien Sorraing, chef de chœur ?
Bonjour Damien. Merci de prendre le temps de discuter avec moi.
Peux-tu me dire d’où tu viens ?
Bonjour Hélène. Je suis né le 10 Juin 1984, à Capbreton dans les Landes.
Comment es-tu tombé dans la musique ?
Dans notre famille, il n’y a aucun musicien. Par chance, J’avais pour voisin un vieux monsieur, accordéoniste renommé qui m’enchantait de ses morceaux. Je le voyais souvent jouer de son instrument. J’avais 6 ans. Voilà comment la musique est venue à moi.
Tu te souviens-tu d’un air particulier ?
Oui bien sûr ! A l’époque, je rêvais de jouer « Perles de Cristal ». C’était mon morceau fétiche. Sourire : mon rêve s’est réalisé depuis.
Comment cela s’est-il passé ensuite ?
Trois ans durant, j’ai étudié le solfège. Je me souviens des jours où ma grand-mère me faisait réciter mes leçons de musique. Je me souviens de ce professeur qui m’évaluait tous les mercredis, écrivant sur des cartons que l’on trouvait à l’arrière des tablettes de chocolat. Un jour, j’ai osé lui faire remarquer que son tas de cartons augmentait tant que je le supposais gourmand… Je n’ai pas oublié son sourire malicieux.
Au bout de ces trois années, je pensais jouer de l’accordéon… eh bien non ! J’ai rempilé pour 3 ans d’harmonie. Bref, je suis resté 6 ans sans instrument… au bout desquels j’ai pensé : « Ca y est…. Je vais enfin apprendre l’accordéon », sauf que le vieux monsieur musicien a décidé de m’apprendre le piano... Ce n’est que lorsque j’ai été capable de l’accompagner avec cet instrument que j’ai enfin eu accès à un accordéon chromatique à boutons. Je devais avoir entre 14 et 15 ans et rapidement j’emmenais mon accordéon dans les bals musette.
Est venue l’heure des concours. A 2 reprises, j’ai remporté le championnat d’Aquitaine, puis j’ai été finaliste au Championnat de France. C’est alors que ce professeur au grand cœur (il me dispensait ses cours gracieusement) a conseillé à mes parents de m’inscrire au conservatoire. René Landis, puisqu’il s’agit de lui a eu des mots mémorables pour moi : « tu as été mon meilleur élève, tu iras loin »...
Une part de moi lui doit beaucoup. Il a fait ce que je suis aujourd’hui. Jamais je n’oublierai les années passées à ces côtés. De là-haut, je suis sûr qu’il est fier du musicien que je suis devenu.
Que s’est-il passé ensuite ?
En 1999, je suis arrivé au conservatoire de Bayonne. C’est alors que le curé Labenne Cap-Breton m’a demandé d’ accompagner ses offices à l’orgue. ( il avait un magnifique orgue numérique)
Je lui ai dit : « Je suis pianiste »… Qu’à cela ne tienne a-t-il répondu.. C’est ainsi que je me suis formé à l’orgue. Durant 13 ans, je suis resté l’organiste de cette belle paroisse accompagnant les messes du samedi, du dimanche, sans oublier les mariages et les obsèques et toutes les autres cérémonies dès que je n’avais plus cours.
En parallèle j’accompagnais la Maîtrise des Petits Chanteurs de Biarritz. J’en ai repris la direction lorsque leur chef est parti… J’avais 17 ans. Évidemment, je n’avais jamais dirigé de chœur... Qu’à cela ne tienne, je me suis formé à la direction et au chant.
Tu étais bien jeune… et tes études là-dedans ?
J’étais jeune et j’aimais relever les défis… Pour le domaine scolaire, histoire de « rassurer mes parents », je passais un CAP puis un BAC PRO Ebéniste. A dire vrai, je n’étais pas bon élève : je ne pensais qu’à la musique. En intégrant cette filière, je me disais que ça pouvait éventuellement déboucher sur le métier de facteur d ’orgue… Mais, après le bac, il me fallait partir en Alsace… je n’ai jamais franchi le pas. J’ai préféré trouver du travail. Recruté comme Volontaire Civil au Secours Catholique de Bayonne, je me suis occupé de jeunes en difficulté et de la gestion de colonies de vacances.
Bien sûr, je n’abandonnais pas la musique…
Peu après, je postulais pour diriger le chœur mixte de Saint palais (le chœur Elhea) . Puis celui d’Hasparren. Comme chacun le sait (ou pas) les 40 chanteurs d’Elhea ne chantent qu’en basque…. C’est ainsi que je me suis mis au basque. Sourire. J’avais 21 ans, la tête remplie de projets…
Parallèlement, je suis devenu surveillant, puis Conseiller Principal d’Éducation.
Dans le Lot et Garonne où je vis et travaille actuellement, j’ai repris la direction du festival des Rencontres Musicales de Bonaguil.
En 2015, j’ai pris la direction du Chœur Prince Noir de Monflanquin et j’ai même dirigé quelques mois durant l’ensemble orchestral de Bordeaux.
Depuis juin 2018, j’ai pris la direction du chœur fédéral de la Fédération Sportive et Culturelle de France « Les voix du cœur- FSCF ». Ce chœur est né suite au Requiem de Mozart que je dirigeais à Paris, en l’Eglise de la Madeleine. Tu y étais Hélène. Tu as pu ressentir combien le public était conquis. C’est suite à cette prestation que nous avons été invités à chanter à l’Opéra Garnier, pour une journée atypique intitulée « Inside Opéra ».
Ca se passera le 28 octobre prochain…. Le 4 mai 2019, nous interpréterons La misa Tango de Palmeri en la Cathédrale d’Autun. Ce sera encore un beau projet. Comme tu as pu le comprendre je suis un homme de projets, de défis à relever... encore et toujours.
Par ailleurs, je devrais prochainement aller en Afrique, car je suis aussi professeur au conservatoire de Kinshasa.
Damien, je t’ai connu lors d’un Rassemblement « Croches en Chœur »… Que vient faire la variété dans ton parcours ?
Ah oui, depuis 2017, j’ai rejoint «Croches en Chœur ».
Le répertoire est différent puisqu’il s’agit de variété française, mais c’est tout aussi passionnant , sans compter que ça me ramène à mes premières années de musique, celles où je faisais de la « baloche » .
En fait, c’est l’organisateur Gérard Pruvost qui m’a demandé de rejoindre son équipe, insistant cependant sur le fait qu’il s’agissait de variété française. « Qu’à cela ne tienne, lui ai-je répondu : la musique reste avant tout de la musique. Pour moi, il n’y a pas de différence. »
J’ai compris par la suite que Gérard avait besoin de quelqu’un pour le seconder. C’est ainsi qu’il m’a nommé directeur musical adjoint. Depuis, j’ai travaillé avec de formidables musiciens : les Stentors, Francis Lalanne qui est devenu un ami, Natasha St Pierre, Julie Zenatti à la voix si belle… J’ai rencontré des chefs de chœur fantastiques qui animent la ferveur de ces 400 choristes venus de toute la France.
Mon idéal, puisque tu me le demandes, Hélène, serait de rehausser encore le niveau du chœur. C’est mon côté « exigeant » qui ressort. Pour bien, il faudrait davantage de travail vocal et personnel de la part des choristes. Mais avant tout, il s’agit de garder l’esprit de cette aventure humaine qui dure depuis plus de 10 ans. Tu sais, tous les choristes que je dirige sont amateurs. La racine de ce mot vient du latin « AMATOR » qui signifie aimer , être amoureux. Bref, les choristes, et nous les chefs de chœur sommes là pour l’amour de la musique et du chant. Il ne faut pas l’oublier.
Damien, diriger un chœur classique ou de variétés, est ce différent ?
Non, je ne peux pas dire cela. Une direction de chœur reste une direction de chœur. Que soit en classique ou en variété, j’aime l’énergie, la puissance qui se dégagent des chœurs. J’en retire la même satisfaction.
Certains choristes de Croches en Chœur ont rejoint le chœur fédéral, même s’il est difficile de passer de la variété au classique. L’inverse est plus simple. C’est ainsi que j’ai emmené dans mon sillage plusieurs choristes rodés au classique. Mais dans les deux cas, on demande aux choristes un énorme travail, même s’il est vrai que pour le classique la somme de travail demandé reste plus importante. Evidemment, je ne suis pas épargné, d’autant que je suis aussi chef d’orchestre, comme tu as pu le voir lors du Requiem joué à la Madeleine.
Quelles qualités doit avoir un chef ?
Le chef se doit être clair et très précis, que ce soit pour le chœur, les solistes et les musiciens de l’orchestre. La qualité du geste est primordiale.
J’entends dire ici ou là que je suis l’un des meilleurs chefs, mais il n’y a pas de bons ou de mauvais chefs. Il a surement des chefs qui ont travaillé plus que les autres.
Il n’y a ni baguette magique, ni secret. Le travail est à la base de tout.
Le chef d’orchestre se doit de connaître parfaitement chaque ligne de ses partitions. Il doit repérer la mélodie du chef,, c’est-à-dire le passage des voix, les parties importantes de la partitions, les départs, chaque respiration etc. C’est aussi ce qu’on appelle « le travail à la table » et cela représente un nombre incalculable d’heures de travail.
En ce qui me concerne, je passe environ deux heures par jour à travailler mes partitions. Pour Croches en Chœur, je travaille tous les morceaux du répertoire, pas uniquement ceux que je dirige. Tu as du t’en apercevoir, pour diriger les choristes et leur faire comprendre ce que je veux, je pratique souvent l’humour. Le message passe bien ainsi.
Damien, quel serait ton rêve le plus fou ?
J’aimerais être chef, tout le temps. En fait ne faire que cela. Dans mes rêves les plus fous, j’aimerais diriger l’Orchestre de Vienne. Mais ça n’arrivera jamais…
Sais-tu que j’ai emmené des choristes dans ce lieu prestigieux. Dans la Wienkonzerthaus , nous avons interprété la Misa Tango de Martin Palmeri. Le compositeur lui-même nous accompagnait au clavier. Ça a été un moment fantastique et prestigieux. Tous les choristes présents pourraient te le confirmer.
J’imagine le décor, l’ambiance… ça donne envie… Damien, comment voudrais- tu terminer cette interview ?
Pour conclure Hélène, je dirais que l’important est de se faire plaisir, de travailler avec tout son cœur, pour pratiquer notre passion. Je te dirai aussi qu’il ne faut jamais lâcher de ce que l’on entreprend.
À l’heure où notre pays manque de repères et encore plus de repères culturels, nous les chanteurs, les «cultureux» , nous sommes un vecteur important, un moyen de changement, une ouverture d’esprit.
Notre passion, notre enthousiasme, nous devons les transmettre aux jeunes générations, qui ne sortent plus, qui sont renfermés sur eux-mêmes.
Je ne veux pas noircir le tableau, mais n’oublions pas que sans la culture, l’intelligence, l’évolution et la sensibilité de l’Homme n’auraient pas été possibles.
Alors, avec ma grande gueule habituelle, je souhaite dire à tous ceux qui me lisent : « Sortez ! allez voir des spectacles vivants ! ».
Je voudrais dire aux élus :
« N’oubliez pas les amateurs et les associations de bénévoles ! Nous sommes des piliers de la République. Sans bénévoles notre pays ne fonctionnerait pas. Sans la culture amateur, des milliers de gens n’auraient pas les moyens d’assister à quelques concerts ou spectacles….. »
Je pourrais en parler des heures durant… Merci Hélène, j’espère que ce cri du c(h)oeur sera entendu.
Merci de ta patience, Damien. Rendez vous à l'Opéra Garnier.
Helene pour www.petitechronique.com
Dans le Cv , en vrac
- Direction des « Voix Angéliques de Peyrehorade.
- A 21 ans, direction du Chœur de l’Adour de Dax,
- Chef de la Maitrise des petits Chanteurs de Limoges, chœur reconnu par les Pueri CANTORES. Mais l’éloignement m’a contraint à arrêter.
- En 2012, création du chœur de l’Ensemble Vocal des Landes de Dax dont je préside l’association.
- En 2015, direction du Chœur Prince Noir de Monflanquin
- En 2017 création de l’ensemble vocal de l’Océan de la Teste du Buch.
- Formation auprès du Chef de l'Opéra de Bordeaux, Salvator Caputo.
Crédit photos :Nathalie De Checchi, Jo Roncalli, L’odyssée Photographique, Chantal Sourire, isabelle Séville,
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