semaine Contes Tziganes
Bonjour à tous… Ce matin, j’ai envie de revenir sur cette semaine de ouf qui vient de se dérouler.
Les mots d’ordre étaient « partages, échanges, se connaître les uns les autres »...Vous emmener, vous les bénévoles de l’association dans l’univers de Lire en Caravane.
Le festival du conte dans le monde nomade me paraissait une belle ouverture. Sauf que nos jeunes n’ont pas accroché à la mise en place de l’atelier « contes ». C’était trop loin de leur univers... Je pense même qu’ils ne savaient pas ce qu’était un conte….
Erreur de jeunesse. J’aurais dû les emmener au préalable à une représentation de Nouka, pour qu’ils comprennent de quoi il s’agissait… mais bon, nul n’est parfait. Surtout pas moi.
On aurait pu frôler la catastrophe, car nos ados désorientés avaient mis de la distance entre eux et nous… Heureusement, j’ai pu les retrouver, discuter avec eux, et ils sont revenus vers nous avec leur entrain et leur gaité, affirmant même qu’ils s’étaient ennuyés sans nous. Sisi.
Aussitôt, les ateliers ont repris. Oublié le théâtre…. on a retravaillé sur l’organisation de notre soirée pour laquelle nous avions invité une vingtaine de personnes. Il a fallu mettre en place notre petit lunch, faire les courses, préparer les plats. Grace à la recette de Laetitia, Nicky a pu concocter sa première marmite gitane. J’en profite pour remercier grandement tous les bénévoles qui ont mis la main à la pâte pour accueillir et encadrer nos ados. Quel boulot mine de rien ! Mais que de fous rire, de chants, de partie de babyfoot partagées entre 2 vaisselles.
Ce jeudi soir, nos invités ont été plus que charmés par le présence et le dynamisme de nos jeunes. Un souffle de jeunesse est passé à Saint Laurent. Nouka la conteuse était accompagnée de membres de la compagnie des Bombyx ( véronique, Annick, Fernando, Hélène, Corinne, Sylvie…). Emmanuelle, leur ancienne professeure nous avait rejoint... La fête pouvait commencer.
Grace à Nouka, les jeunes ont pu découvrir un tout nouvel univers : l’Histoire des Tziganes. Ça les a enchantés. Ils ont aussi apprécié de se retrouver autour de la mandoline d’Annick… Bien sur, Nicky à la voix superbe est resté discret, mais je sais qu’il a apprécié ce moment de partage où la musique n’a fait aucune différence entre nous tous.
Savez-vous que c’était la première fois que les jeunes se retrouvaient dans un groupe où ils étaient en minorité. Les parents n’ont pas osé franchir ce cap... mais «radio caravane» fait déjà son œuvre et je reçois plein de merci pour tout ce que l’on fait pour leurs enfants . Bien sûr, la marmite de Nicky fait le tour des réseaux sociaux et la fierté de sa mère… il veut maintenant nous cuisiner un lièvre à la moutarde…. Je suis prête à le seconder… lol
Il faut que je vous dise que dans l’après-midi, nos jeunes avaient été invités par les élèves de la classe d’ Emmanuelle Vallaeys qui accueille les enfants itinérants à Saint André de Cubzac . Ceux-ci nous ont présenté un conte qu’ils avaient travaillé avec Madame Saperlipopette, dans le cadre du festival.
Dès qu’ils ont franchi les portes de l’école, Salima, Djalys, Métisse, Ibrahim et Jason se sont sentis chez eux... Aussitôt qu’Emmanuelle est arrivée, ils ont fait corps avec elle. C’était très émouvant. Ils ont inspecté chaque recoin de la classe et ont feuilleté avec délice les albums photos qu’Emmanuelle garde précieusement… Ensuite, ils ont suivi le conte des élèves avec attention, ont répondu aux interviews que l’équipe de Floriane leur proposait. A l’heure de la récré, Ils ont retrouvé avec plaisir les copains, les cousins. Ils voulaient saluer tous leurs anciens enseignants. Ils étaient heureux !
Il est évident que l’école est restée un repère solide pour ces gamins, même s’ils s’en éloignent facilement au sortir du CM2..
Le vendredi soir, nous les avons emmenés à Bourg, dans la salle de spectacle où Nouka se produisait. Jason, Joakim et Nicky se sont installés au dernier rang, comme pour ne pas gêner. Ils ont adoré ce moment partagé avec la conteuse qui leur a transmis quelques contes sur l’origine des gitans, sur ses passages à l’école, où elle a appris l’histoire de France, mais rien de rien sur l’histoire des Roms….
Avec ses mots rêveurs et colorés, Nouka a décrit les premiers gitans, les premières notes de musique, les feux de joie. Elle a conté leur propre histoire et ça leur a fait un bien immense, car mine de rien, parents et Anciens ont oublié de transmettre cette Histoire-là. Je remercie 1000 fois Nouka pour sa présence et le bien fou qu’elle nous a apporté. A ton rythme, Nouka, tu es devenue tziganologue, toi aussi…. Sourires
Voilà, en résumé le déroulé de notre semaine. Ça nous a demandé beaucoup d’énergie, d’aller retours. Mais quel bonheur de vivre tous ses instants partagés…
Je le redis, Lire en caravane, c’est une toute petite association… on fait ce que l’on peut, avec ce que l’on a ; A notre rythme, nous essayons de faire le lien entre la culture de ces jeunes voyageurs et la notre… Avec nos atouts, nous essayons de leur redonner confiance, en eux, en nous aussi. Non, tous les gadjé ne sont pas méchants ! non, tous les gitans ne sont pas des racailles ! Mais il faut apprendre à se connaître, à s’apprivoiser, pour mieux continuer ensemble, parce que l’on a tellement à apprendre de l’autre…
Je terminerai, par un élément qui m’a interpellé : avez-vous remarqué comme moi, que lors de cette soirée « contes tsiganes », il n’y avait que 3 gitans dans une salle pourtant bondée… je vous laisse deviner qui..
Mais alors que font les autres associations, les autres services sociaux et culturels qui travaillent avec eux.. ? N’étions-nous pas une vingtaine la semaine dernière à la communauté de communes du Grand Cubzaguais pour parler des aires d’accueil et des actions faites avec et en faveur de cette population itinérante ?
Grand vide….
Pourtant, les amener, les accompagner en petit comité à cette soirée, c’était faisable, non ? Nul doute qu’ils pouvaient se pointer à la salle et n’auraient pas été recalés, mais Il y a eu tant de noirceur dans leur Histoire qu’ils sont maintenant frileux… et que c’est à nous de leur tendre la main, et leur dire « Viens… la soirée tzigane, c’est aussi pour toi… »
Merci à tous.
Helene
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