Ce que je pense tout bas...
Ce que je pense tout bas…
A l’heure où des parlementaires repensent à l’organisation du rythme scolaire,
A l’heure où les évaluations européennes PISA nous montrent du doigt,
Je me mets à penser…. Notez que ce n’est pas la première fois…
Cette année, j’ai une classe de 29 élèves de CE1. Quelque part, je suis chanceuse, car mes proches collègues en ont 31 voire 32, avec des doubles cours…. Il y aura même un 33è inscrit chez les CM dès janvier prochain.
Parmi ces 29 élèves, j‘en compte 16 qui ont un niveau CE1 et 13 qui rencontrent de grandes difficultés, sachant que 6 d’entre eux n’étaient pas lecteurs. ( mais ouf, 2 décollent sérieusement) .
Cette classe comporte une majorité de garçons bouillonnants, plus aptes à jouer à la Ds-Wii-Play-ds qu’à dégainer leur stylo ou cahier. Peu sont autonomes, et quelques uns ont réellement des problèmes de comportement et de personnalité.
Et je dois faire avec tout ce monde là. Voilà pourquoi , je me pose bien des questions sur ma pratique quotidienne :
Les 16 premiers peuvent se dépatouiller, et ils avancent.
Les non- lecteurs sont soutenus tant par moi, que par la dame du Rased qui intervient 2 fois par semaine. (Enfin une aide concrète qui me soulage beaucoup, même si ça m’abonne de fait à des réunionites chroniques.)
Restent les 7 autres en difficultés majeures selon moi…. Je n’ai pas grand temps à leur proposer. Mon aide personnalisée est déjà surbookée. Je me sens démunie… Comment faire ? Que vont-ils devenir à force de passer entre les mailles du filet ? A quand les petits groupes de travail ?
C’est tout le système qu’il faut revoir. Mes élèves en difficulté sont tous signalés depuis des lustres. Les orthophonistes ne sont pas assez nombreux ou trop éloignés. Les assistantes sociales restent en ville. Les parents se galèrent 2 à 3 heures de trajet par jour. Les gamins sont abonnés à la garderie du matin, à la cantine du midi, à la garderie du soir et filent au centre de loisirs le mercredi. Y a plus de vie de famille. Les couples se disloquent à tout va. La société risque de payer cher sa course frénétique : Plus haut, plus fort, plus vite !!! Gare à ceusses qui trébuchent. Ils seront vite piétinés..
Tout va trop vite. Qu’ils sachent lire ou pas, qu’ils sachent compter ou pas, les mômes passent de classe en classe avec la promesse que l’année suivante on remédiera à leurs difficultés. Sauf qu’il n’y a pas de Saint Antoine chez nous… ( juste un Saint Laurent, mais je ne sais même pas quel est son rayon… )
C’est un peu triste tout cela, mais c’est bien réel… alors j’espère bien qu’un jour, à défaut de changer-rechanger –trichanger de ministres, on repensera pour de bon à la politique à mener en milieu élémentaire, avec une réelle refonte du système et beaucoup de bon sens.
Autant croire au Père Noël ?....