Le terminus doré
Ce matin, en arrivant au bureau, Charles-Henri a découvert une chose insensée : tous ses collaborateurs, du DG au concierge, avaient reçu le même courriel calomnieux:
« Les patrons vous exploite, ils s'en mète plin les pauches mais laisse crever leurs vieus parents dan la misère ».
Une rapide enquête du service informatique permit de localiser l'origine de ces injures : « le Terminus doré », la maison de retraite où reposent maman et belle-maman. Il s'avère qu'elles ont agi avec la complicité de deux co-pensionnaires férues d'informatique. Mais pour quel mobile ? L'établissement est très propre, la courette bien entretenue, les chambres à six lits assez spacieuses et la nourriture très correcte, du moins pour des vieillards édentés qui ne font plus la différence entre le foie gras et le pâté de campagne. Pendant la grande canicule elles ont été placées en chambre froide et régulièrement irriguées.
Nous avons choisi la maison de retraite la meilleure de France, en terme de rapport qualité-prix, et à l'autre bout de la France pour ne pas avoir la tentation de les importuner par des visites trop fréquentes. Chaque année, pour Noël, nous leur envoyons une boite de marrons glacés avec un mot d'encouragement.
Alors pourquoi ? pourquoi ?
Je crois, hélas, qu'Alzheimer est passé par là. On avait bien besoin de ça à l'usine, en pleine crise. Pourvu que cette histoire de famille ne s'ébruite pas !
Le Billet d'Anne-Sophie.
Nota : L'illustration de cet article provient du blog remarquable http://clarenne.francis.over-blog.com/ qui vient hélas de s'arrêter.