Sur le Belem : LA BETE

Publié le par helene33660

Sur le Belem : La BETE

Dimanche 3 août. 18h.
 Le bateau a repris la mer, mais  il navigue au moteur, car il s’agit de rejoindre au plus vite la dépression afin de bénéficier du vent. En fait, il y en aurait pour 30 heures… Ça fait beaucoup. Heureusement, le roulis est toujours là, et puis les quarts de nuit sont allégés. C’est toujours ça de pris. Quant au bruit, il est réduit grâce aux boules Quiès. C’est magique cette astuce. Que ce soit de  nuit, ou de sieste, je les utilise systématiquement . une boule, deux boules : mes écoutilles sont bien fermées, je ne suis même pas gênée par les marins de la bannette d’en face….

 

Tout à l’heure, Charly m’a enfin apporté un nouveau bonnet. The Bonnet … Toute une histoire que ce bonnet…  Au moment de préparer  mon sac d’embarquement, j’avais choisi d’emprunter celui de Manon…  beau,  blanc, original, avec ses oreilles en pointe. ( Sur les pistes de ski , il rencontre un franc succès… Alors sur le Belem, ça aurait pu faire de même…)  Sauf que Charly et ses copains sont passés par là,  et qu’ils  n’ont pas trop apprécié d’apercevoir les z’oreilles de LA BETE… c’est ainsi qu’ils surnomment les petits rongeurs aux  longues z’oreilles, aux longues dents, à la douce fourrure….. LA BEEEETE

 Les marins sont si superstitieux qu’ils ne prononcent même pas son nom à bord… Juste un pseudo : LA BETE… et voilà que, tête en l’air, j’avais oublié cette légende…et embarqué dans mes effets  un joli bonnet douillet en forme de  tête de …BETE

 

Devant cette vision cauchemardesque, Charly le Marin  m’a  invité à jeter ,de toute urgence, mon bonnet à la mer….quitte à m’en donner un autre !  Le temps de reprendre mes esprits et de comprendre ce qui m’arrivait, j’agrippais mon bonnet et lui dis combien  il m’était impossible de jeter ce qui ne m’appartenait pas. J’imaginais, à la vitesse Grand V, la tête de ma Belette qui m’avait prêté son bonnet fétiche, tant elle voulait participer affectivement à ma Grande traversée…  il était donc hors de question que je le balance aux requins… ( ces grosses bébettes)…

 

J’ai donc proposé  à Charly de planquer LA BETE jusqu’à St Pierre et Miquelon  puis de lui  faire quitter  le navire  pour la Métropole, via la Poste.  Il a un peu tiqué, puis à mon grand soulagement, il a accepté. OUUUFFFFF !

 

Dès que nous avons touché terre, sans rien dire à personne, j’ai empaqueté MA BETE dans une grande enveloppe trouvée chez le libraire local. Le club philatélique  m’a revendu quelques timbres et comme un voleur de grand chemin, j’ai  pu poster mon paquet , avec la sensation d’avoir sauvé l’équipage et son bateau d’un  grand naufrage.

Peu après, j’ai discuté de LA BETE avec Lionnel … aussi bon cuistot que philosophe non superstitieux. L’histoire était déjà arrivée jusqu’à lui…. Il m’a  affirmé que j’avais bien réagi, car au moindre coup de vent, il était certain que les yeux de tous  se seraient tournés vers moi…

 

Enfin, me voici aujourd’hui  avec un autre bonnet…un peu  petit, gris, passe-partout mais réglo. Pour me faire pardonner, je suis allée offrir une plaque de chocolat à Charly et ses copains. Je crois que ce geste leur a plu. Ça s’est vu dans les sourires. Maintenant, tout danger est  écarté. Les  us et coutumes sont respectés. Je crois que le Belem  a retrouvé sa  sérénité.

  Retrouvez les autres chroniques de notre traversée ici :
http://petitechronique.over-blog.com/categorie-10637838.html

Publié dans Voyages

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