Sur le Belem 7
Sur le Belem 7
Je ne sais plus si on est le 6 août.. le 7 ? le 8…
A dire vrai, je ne sais plus du tout où nous en sommes du calendrier. Mais ça me déplairait d’être déjà le 8… je n’ai pas envie d’arriver trop tôt aux Açores, qui seront déjà un avant signe de fin de voyage.
Cette nuit, j’ai fait un long quart avec Robert le Marseillais. Il aime bien se raconter, et ça fait du bien de l’écouter. Tous les deux, on s’est préparé un petit déj piraté en cuisine. A la lampe de poche.. On s’est saucissonné le chaume. Chut, faudra pas le dire à Lionnel… Sur un petit bout de pain. Avec une bonne gorgée de café. Hummm. Tout cela en attendant le lever du soleil…. Que du plaisir.
Au petit matin, Gladys portait ses lunettes. Ça lui donne un air plus doux, moins bourru, qu’avec ses lentilles. Gladys dort dans mon carré. Une sacré nénette, avec une dose de caractère à traverser les océans de partout… c’est pas peu dire.. J’apprécie beaucoup sa discrétion, sa présence aussi.
Douceur du temps, Tibbo le second m’a fait une bise ce matin… Lui aussi est très sympa, très jeune aussi. On croirait un gamin, un ado… mais c’est le capitaine en second…. Très fort à lui. Il s’occupe aussi de la « boutique » du bord. Et là, je le vois souvent débordé…. Tout est rangé n’importe comment… mais ce n’est pas grave : il a toute la traversée pour mettre ses armoires en place…. Faut dire aussi que nous les stagiaires, on se comporte en véritables touristes quand on va le voir…. A croire qu'on est en manque de shopping...
A 15 h, on a eu le droit à un topo sur les feux du bateaux. Avec le Commandant s’il vous plait. Ce n’était pas trop difficile à comprendre, mais jamais je ne retiendrai jamais tout… heureusement que je ne passe pas mon brevet de marin à la fin du stage.
A 16 h, les matelots travaillent encore sur la bonnette, mais il y a trop de vent pour l’installer cet aprem … C’est remis à demain.
Auprès de Pépé, j’ai récupéré 2 m de garcette. Il me reste à trouver Mori7 afin qu’elle m’apprenne à faire les nœuds du bracelet marin que je veux me faire.
Tiens.. nouveauté du bord : cette nuit on change d’heure… sisi, vous avez bien lu… Dès qu’on s’approche d’une terre, le commandant raccourcit nos nuits…. Il parait qu'il faut qu’on soit synchro avec le pays où l’on va débarquer…. même si on est en pleine mer... zarbi.... mais c'est décidé : pas question de rester à l’heure québécoise…. Ca ne me plait qu'à moitié.... et pour cause..
Vendredi 8 : ( ca y est, j'ai retrouvé la date du jour...) réveil 3h20 pour cause de changement d’heure. Dieu que c’est dur… je savais bien qu'il y avait un piège.... Je n’ose imaginer le Zérac de demain. Tout le monde a été décalé, mais , pour moi et quelques autres, ce dernier quart de nuit se rallonge de 40 minutes…. Allez comprendre pourquoi ?… sans compter le quart de propreté qui va suivre. Je me sens déjà fatiguée....
7h00 : Ce matin encore, un long ballet de dauphins nous a émerveillés. Puis un fétu de paille est apparu à l’horizon . un petit bout d’allumette… Vérification faite au radar, il s’agit d’un petit bateau… Un baaateau… le premier que nous croisons depuis notre départ. Peu à peu l’allumette grossit. A la fin du petit déj, on aperçoit ses voiles. Mais c’est toujours très loin. Dans les coursives, des idées et des rêves de pirateries naissent… d’autant plus aisément que nous gagnons du terrain sur lui ! C'est marrant ce petit moment de délires.
9h30 Philippe vient me tirer de ma bannette : nous doublons le bateau. C’est une petite embarcation battant pavillon polonais. Ils ont mis 2 ris dans les voiles. Faut dire que la mer est agitée et que le vent souffle à 6 – 7 nœuds. Ça nous fait un bien énorme de les voir. 9 jours , 9 nuits que nous sommes seuls sur l’océan… On se fait signe.
La vie à bord est vraiment bizarre. Je me sens totalement hors du temps. Cette nuit nous avons changé d’heure, et tout à l’heure nous changerons de quart…. Il me faudra attaquer le Zérac… Pas facile. Je vais essayer de siester. D’abord de 8 à 10, pour rattraper le quart de 4-8… et aussi entre 12 et 15 pour anticiper le quart de nuit. Quelle vie..
Heureusement Lionnel et sa cloche sont là. Ça nous donne quelques repères…. En bons marins, je ne loupe pas les repas…
12h15 : je me suis fait une petite sieste. Ensuite, lavage d’un tea shirt… je commence à être juste. J’ai planqué mon tea shirt dans un casier vide… histoire qu’il sèche..
On a beau être en mer, on n’a pas le droit de laisser traîner nos vêtements à l’extérieur…(les petites culottes entre 2 voiles d’un bateau classé monument historique… ça ne le fait pas…. ) .
Reste qu’on peut le dire : on est pas trop gâté de ce coté là… 21 jours de mer, sans mise à disposition de lave linge, de sèche linge…. C’est dur. D’autant que notre packtage ne devait faire plus de 20 kg… bottes et ciré compris…! Alors , chacun se débrouille comme il peut.
Philippe a bricolé 50 cm de fil à linge au dessus de ses pieds. Ça sert pour le linge très léger... Gladys ou Camille squattent les machines des matelots.
Moi, j’ai dégoté un casier vide… Ça sent un peu le bois, mais ça ira. Sinon, je fais des économies de linge. Mon jean tient bientôt tout seul mais je tiens à garder mon second pantalon pour les escales…
Heureusement le Gulf Stream s’est pointé et depuis quelques jours je peux mettre un short. Enfin, de jour.. car la nuit, ça caille toujours.
Mon jean est devenu poisseux. Il me faudra bien 2 ou 3 lavages pour le rendre soyeux.. Sacré marin.
Cet aprem, la bonnette est enfin installée, avec ses 30 m2 de voilure. Charly et Mickael peuvent être contents : ça fonctionne
Pour le reportage de Myriam, c'est ici : http://www.greements.com/GL2008_Bonnette.htm