Dakar 2010 : Enfin des nouvelles de Guy et de Philippe

Publié le par helene33660

DAKAR 2010 Le Girondin Guy Lefebvre a échappé au pire jeudi dernier au Chili.

logo2010Ce devait être une journée tranquille pour l'équipage girondin du Toyota KDJ 120 n°400. Philippe Raud, 48 ans de Sainte-Eulalie, et son co-pilote Guy Lefebvre, installé à Saint-Loubès et qui fêtera ses 46 ans samedi pour l'arrivée du Dakar à Buenos Aires, avaient même décidé de lever le pied. "Cette journée-là, on s'est dit il faut assurer, alors qu'on adore le sable". Après avoir franchi la Cordillère des Andes la veille pour basculer d'Argentine au Chili, ils avaient 670 km à boucler pour se rendre à Antofagasta, dont 483 km de spéciale. Mais ce mercredi 6 janvier ne s'est pas tout à fait passé comme ils l'avaient prévu.
"On était bien jusque-là avec une 37e place au général et la 4e de la catégorie T2." C'est au km 130 de cette sixième étape que leur Dakar a basculé. "Le départ de Copiapo s'est bien passé et puis après le CP1, sur un grand plateau de fesh fesh, on a cassé l'amortisseur arrière gauche, précise Guy Lefebvre. On a été obligés de s'arrêter pour le changer. On a donc mis la voiture sur le cric." "Il faut travailler à deux, poursuit son pilote Philippe Raud. Guy est passé sous la voiture, moi je démontais le haut et lui faisais passer les outils." Une réparation de routine pour les deux Girondins qui avaient bouclé le Dakar 59e l'an dernier, en se faisant l'assistance tout seuls.

Terrible coup de vent

Je devais démonter la bombonne de gaz de l'amortisseur. J'avais enlevé trois boulons et il ne me restait plus que deux petits filets sur le quatrième lorsqu'une grosse bourrasque de vent s'est engouffrée dans le coffre qui était resté levé. J'ai entendu Philippe crier "attention, la voiture tombe". Elle a effectivement avancé de la longueur du cric qui a fait pivot. Comme j'avais le disque de frein à hauteur du visage et du coeur, j'ai vite attrapé la poutre du châssis pour me décaler vers l'avant. Mais la voiture a fini par me planter le coude dans la terre."
Une vision insupportable pour Philippe Raud : "Depuis que c'est arrivé, j'ai l'image de Guy sous la voiture. C'est mon meilleur ami, je n'en ai qu'un. On partage tout, nos femmes sont presque jalouses. Avec sa grosse corpulence, j'ai eu peur qu'il se fasse écraser la cage thoracique. Quand on voit la voiture sur son ami, c'est l'enfer. Personne ne voulait s'arrêter parce qu'ils croyaient que je mécaniquais. J'ai de suite tirer la balise pour alerter les secours. Cela entraînait notre mise hors-course, mais je n'ai pas pensé à ça." Philippe a alors commencé à gratter la terre autour du coude de Guy avant qu'un autre concurrent du Team Toyota compétition arrive pour lui donner un coup de main.

Opération à Copiapo

 "Ma première réaction a été d'essayer de me dégager, assure Guy. Quand j'ai réussi et en voyant ma main, j'ai compris que c'était fini. C'est un coup sur la tête et puis la douleur a pris le dessus." A tel point qu'il a perdu connaissance. Moins d'un quart d'heure plus tard, il était dans un hélicoptère de l'organisation pour rejoindre l'aéroport le plus proche afin de rentrer en avion sur Copiapo. "Quand on a un accident de la route en France, l'hélicoptère n'arrive pas aussi vite, souligne Philippe. Là, on était au milieu de rien. L'équipe médicale l'a pris en charge psychologiquement et à moi aussi car j'étais détruit."
L'organisation ne l'a d'ailleurs pas laissé rentrer seul avec le Toyota à Antofagasta. Philippe a suivi un véhicule d'assistance. Guy a été pris en charge par une ambulance à la descente de l'avion qui l'a conduit à l'hôpital de Copiapo. "Il y avait aussi trois motards avec moi, dont deux la clavicule cassée. On avait le problème de la barrière de la langue. Mais les médecins d'ASO (ndlr : Amaury Sport Organisation) sont arrivés et ont pris le relais. Ils m'ont présenté le chirurgien et m'ont rassuré sur ses compétences pour réparer mon poignet cassé à trois endroits. Je devais me faire opérer le soir à 19 heures, mais ils n'avaient pas reçu la plaque en titanium."

 Déjà prêts à repartir

MAIGRE Un plâtre en résine lui a permis de patienter jusqu'au lendemain 14 heures. "On se demande s'ils ont gravé un chech du Dakar sur la plaque", plaisante Philippe qui a fait 650 km vendredi pour rejoindre son ami à Copiapo. Guy a quitté la clinique samedi et les deux Girondins ont attendu le retour du rallye dimanche pour réintégrer la caravane en véhicule d'assistance. "Il reste 4 000 km jusqu'à Buenos Aires et il faut ramener la voiture. Alors quitte à faire sa convalescence, autant la faire au soleil. Surtout qu'on a encore trois copains en course."
"Tous les pilotes ont un jour fait tomber leur voiture après une creuvaison, mais il n'y avait pas quelqu'un dessous, peste Philippe. On aurait dû aller chercher de grosses pierres pour caler les roues. Là, c'était trop facile, ça ne pouvait pas arriver. Mais ça aurait pu être bien pire." Guy, paysagiste de profession, devrait pouvoir très vite retrouver l'usage de sa main gauche. Et les deux hommes pensent déjà au prochain Dakar : "C'est réparé, mais le moral ne l'est pas. On devra rebondir là-dessus. L'abandon, ça ne se guérit jamais jusqu'à ce que tu repartes."
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Frédéric Cormary ( SUD-OUEST )

Team Biscauto
www.biscauto.com

Publié dans vive le sport

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