Dépot de bilan...

Qu'un si grand artiste du luxe soit économiquement balayé vous donne une idée de l'ampleur de la crise qui touche les riches.
J'ai immédiatement demandé à toutes mes amies de surveiller les échos judiciaires afin que nous soyons les premières informées de sa mise en liquidation, il y aura sûrement de très bonnes affaires à saisir.
Maria, notre femme de chambre espagnole pas très futée, a surpris ma conversation et a fait courir le bruit à l'office que la javel La Croix allait disparaître incessamment. J'ai dû réunir tous nos domestiques pour apporter un démenti et leur expliquer qu'il s'agissait du grand couturier Christian Lacroix et que cela les toucherait peu.
A peine avais-je terminé cette mise au point que le curé de notre village frappait à la porte du château, tout rouge, essoufflé par une course effrénée, au bord de l'apoplexie. Il avait eu vent de la nouvelle et je dus le rassurer lui aussi : sa croix était bien solide et il n'avait rien à craindre pour son avenir professionnel.
D'ici à ce que je reçoive un appel téléphonique de notre ami Philipp, ambassadeur de la Confédération Helvétique, craignant la disparition de son drapeau, il n'y a qu'un pas.
C'est qu'en ces temps de crise, personne ne se sent à l'abri d'une catastrophe.
Finalement, ce n'est pas lui mais ma grande amie Adriana qui m'appela, affolée à l'idée de perdre son contrat publicitaire avec la Croix Rouge. Etonnant non ?
Le Billet d'Anne-Sophie.