Je vends ma voiture
Renault Espace, grise, 13 ans d’âge, 1ère main, 330 000 km, presque tous garantis
recherche famille d’accueil, pour une retraite bien méritée…
Soupirs… Qu’elle voyage loin, la Marie qui tracte souvent son cheval bien aimé.
Voilà pourquoi la voir filer régulièrement sur Lacanau avec cette voiture ne me rassurait pas plus que cela… même si Laurent le garagiste la dorlotait sans compter.. (la voiture, pas ma pitchounette…)
Bref, Philippe et moi avions décidé de tourner la roue et de choisir un véhicule plus récent. Restait à vendre notre Espace, ses kilomètres et son moteur inusable... Petite annonce sur la Centrale, plein de contacts et déjà une visite ce jeudi…. (une jeune maman qui ne supportait plus sa vieille Ford.)
Ni une, ni deux, prenant mon rôle bien au sérieux, j’ai tout briqué ma voiture : Lavage programme 8, aspirateur XXXL, huilage des gonds, finish des plastiques, pichht pichht de toutes les vitres, relookage avec des tapis tout neufs et remplacement des z’enjoliveurs manquants.(comme quoi j’ai bien retenu les leçons des journalistes de M6, qui filment comment donner l’envie aux gens de posséder votre bien… ( ce qui n’est pas si bête…).
Bien sûr, le contrôle technique est OK, la voiture non gagée et les papiers prêts à être signés.( Merci Internet)
Ce jeudi, mes gens sont arrivés un peu en retard mais bon, fallait d’abord déposer les ainés à l’école.. Bien intéressée la maman portant le bébé Paul dans ses bras ; bien attentif le papa , et bien curieux le papy qui voulait tout inspecter….
De suite la voiture leur a plu. ( je l’ai vu dans leurs yeux..). Faut dire que le rayon de soleil sur la carrosserie nikel favorisait les choses. Les portes grandes ouvertes n’attendaient qu’eux. Tant pis si l’essuie glace de l’arrière faisait le capricieux. Tant pis si le joint de la vitre nécessitait un coin d’adhésif… restaient les sièges pivotants, la clim, les freins refaits, les pneus au top, l’immense coffre, la batterie récente, le moteur ronronnant, la propreté dans tous les recoins et la Zen- attitude d’Hélène ( comme disent certains…).
Tous ensemble on a fait des essais. Le papa passait les vitesses tandis que la maman élaborait déjà quelques projets et que Papy détaillait les factures du garagiste. Tout le monde avait le sourire. Même le petit Paul dont j’ai fait réchauffer le biberon… Hé, on est zen ou on ne l’est pas… Mais je dois ajouter que le samedi précédent, toute la famille avait démarché un garagiste local leur proposant un Espace, crade au possible et incapable de démarrer à l’heure dite, si bien qu’ils étaient prêts à me signer de suite le chèque pour cette Espace symbole de paradis à leurs yeux.
Le seul hic est venu de moi : impossible de mettre la main sur ma carte grise… sisi… J’avais beau retourner la maison sens dessus- dessous, vider la voiture de Philippe puis celle de Marie, rien de rien. Mon précieux papier venait de s’envoler…(surement un acte manqué de mon Espace chérie !). Heureusement, une dernière visite à Laurent, le ga….ragiste m’apprenait que mon fameux sésame était resté dans la voiture qu’il m’avait prêtée récemment… OUFFFFFFFFFFFFFFF
Enfin, mes gens sont repartis enchantés tout en me signant une promesse de vente et un acompte, le temps que je récupère ma fiche carte.
Samedi arrive, la carte grise trône sur la table. Je file remettre un peu d’essence dans le réservoir. Je refais aussi un tit passage au lavage et gare ma belle voiture sur le chemin.
Et merde ! C’est alors que je m’aperçois qu’un des enjoliveurs nouveaux s’est fait la malle… Heureusement, mes gens sont en retard. J’en profite pour téléphoner à Marie : « File chez Roady, trouve moi un new enjoliveur.. Je ne peux pas vendre mon Espace ainsi défigurée »… Marie qui comprend l’urgence ne discute même pas.
Mes clients arrivent. A cinq cette fois, car il y a un voisin. C’est lui qui prendra le volant. Le temps de signer les papiers, de me remettre le chèque de banque, de boire un café, ils s’acheminent vers leur nouvelle voiture. L’enjoliveur a retrouvé sa place. Mon honneur est sauf. De suite, la maman installe le fauteuil du bébé Paul sur un siège arrière.
C’est alors que j’entends Philippe derrière moi :
- Non non, Monsieur, ce n’est pas cette voiture là ! ( le petit Koléos qu’on vient de choisir ) c’est l’autre, c’est l’Espace que vous venez d’acheter….)
- Ah ! dit le voisin chauffeur…Je me disais aussi… et de s’installer enfin derrière le bon volant….
Et voilà comment j’ai vendu en 3 jours ma petite voiture. Celle qui avait vu les filles grandir. Celle qui nous avait menés à travers toute la France, l’Angleterre aussi. Celle qui embarquait la malle de Marie, les sacs de copeaux, les ballots de foin, les grains de sable ( sourire pour Titi qui se reconnaîtra).
C’était un vrai bon numéro cette voiture…. Je vous le promets.
Reste à espérer que la new Koléos , toute belle aussi et juste arrivée, en fasse de même..