le retour d'Ulysse
Le Retour d’Ulysse.
Je vous racontais, il y a peu, le beau tapis rouge que les Ouzbeks avaient déployé pour moi à Tachkent, capitale d’une fière république de la Route de la Soie, et mon retour jusqu’à la petite sirène de Copenhague. J’en étais resté là, car mon ex-rédac chef m’avais appris à ne jamais dépasser une page, car il parait qu’au delà votre attention faiblit et que vous êtes infoutus de lire « Guerre et Paix », de Tolstoï, c’est trop long. Mais plusieurs d’entre vous ont protesté, et vous me réclamez la suite de l’histoire.
Je sais, je sais, Homère avait bien raconté la Guerre de Troie, celle qui n’aurait pas dû avoir lieu selon Giraudoux, mais qui a eu lieu quand même, fallait bien que les Grecs aillent récupérer leur Cécilia en fugue de l’autre côté de l’eau : un chef d’état cocu, ça la fout mal. Alors ils ont construit ce grand cheval de bois où ils ont entassé toute la fleur de l’armée achéenne , les Troyens un peu naïfs ont pris le canasson pour un dieu et l’ont fait entrer dans la ville et se sont fait avoir comme des bleus. On a récupéré Cécilia, on a trucidé les Troyens, on a violé leurs femmes, et la guerre a été gagnée. Il n’y avait plus qu’à revenir.
Homère en était resté là, mais ses lectrices ont protesté, l’ont inondé d’é-mails, et l’Homère d’alors a bien été obligé de raconter la fin de l’histoire. Le retour a été fort long, pour revenir de Troie à Ithaque le plus court aurait été de passer par le canal de Corinthe, mais celui-ci n’était pas encore construit, et de toutes façons dans le golfe de Corinthe les vents changent si brutalement vers onze heures du mat que l’on se retrouve immanquablement à la baille, ça m’est arrivé plus d’une fois, j’en avais pris l’habitude. (Ya des photos pour le prouver, si je les retrouve).
Trois mille cinq cents ans plus tard, vous me réclamez, chères lecteurs et non moins chères lectrices, au moins la fin de cette journée commencée au petit matin au célèbre Raffles de Singapour et qui devrait se terminer, si tout va bien, dans mon Ithaque à moi à Tassin la Demi-Lune, mais je n’y suis pas encore. A l’entrée de la salle de transit à Copenhague, il y a un grand cercle rouge avec dedans une arme de poing noire barrée de rouge : prière de laisser vos pétards avant d’entrer. Ils sont naïfs les Danois ! comme si les mafiosos siciliens ou les yakusas japonais allaient obtempérer ! Personne n’a déposé d’arme ce jour là, même pas un opinel. Je trouve vite un avion pour Paris, mais faut bien faire attention, pour Orly pas pour Roissy, car je dois continuer vers Lyon.
Orly Sud, puis Orly Ouest : le monde est bien fait, j’attrape le dernier Lyon où je me retrouve un peu après minuit. Y a plus qu’à retrouver ma voiture, mais à cette époque, ni les allées, ni les places du parking de Lyon-Bron n’étaient numérotées, et retrouver son char dans ce foutoir n’a rien d’une sinécure. Heureusement, j’avais un truc : ma R5 vert pomme criard, se voyait de très loin au milieu des 403 ou 404 noires. Sauf que de nuit tous les chats sont gris et toutes les R5 aussi….
Enfin voici ma tire, ya plus qu’à traverser l’agglomération lyonnaise d’est en ouest, gravir la colline sacrée de Fourvière et enfin redégringoler vers Tassin.
La maison est bien là, elle n’a pas brûlé, c’est déjà ça, tout est calme, il ne doit pas être loin de deux heures du mat, mais à l’intérieur personne ou presque. Je retrouve mes deux derniers, les Numéros 4 et 5, mais c’est tout ! L’aîné, c’est normal : il est interne en Math Spé à Clermont Ferrand, mais les autres ?
3 heures du mat, v’là le téléphone qui sonne : c’est la police de Lyon qui a récupéré mon numéro 3 et qui me prie de venir le récupérer. Soit, mais ca ne me dit pas où sont les autres ????
Comme Homère, j’ai dû m’absenter beaucoup trop longtemps…..
Le Sage Hibou